Certains sujets âgés, malgré certaines pertes, font preuve de capacité
d’adaptation. Ils trouvent les ressources nécessaires pour faire face au
vieillissement en développant des stratégies de coping (Lazarus et Folkman,
1984), et des capacités de résilience.
Selon Baltes et Baltes (1987), à l’âge avancé, le potentiel des pertes
tend à excéder celui des gains, réduisant par conséquent l’adaptabilité de la
personne âgée. Selon le modèle SOC (Sélection Optimisation Et Compensation) de
Baltes (1990), les personnes âgées, conscientes de l’affaiblissement de leurs
ressources biologiques, psychologiques et/ou sociales, vont choisir des
activités préservant leur bien être et leur énergie par le processus de
sélection. D’autres personnes perdant leurs capacités motrices vont développer
des activités nouvelles et acquérir de nouvelles compétences pour faire face à
leur handicap (stratégie d’optimisation). Par la stratégie de compensation, le
sujet âgé va utiliser les ressources de son environnement pour l’étayer dans la
réalisation de certains actes. La mise en œuvre de ces stratégies par
l’individu démontre un sentiment d’efficacité personnelle efficient.
Ce modèle de développement explique l’adaptation des sujets âgés qui se
confrontent à des changements liés au processus de vieillissement, grâce à leur
capacité de résilience dans la pensée, les sentiments et les comportements. Par
conséquent, ils pourront atteindre les buts fixés, malgré les difficultés liées
au processus de vieillissement.
La résilience se définit comme la capacité à réussir, à vivre et à se
développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress
ou d’une adversité qui comporte normalement le risque d’une issue grave (Rutter,
1987, Cyrulnik, 1999). Elle implique une dynamique développementale et
interroge sur la place du développement chez le sujet âgé.
Selon Ribes (2006), la définition de la résilience repose sur un certain
nombre de facteurs, aidant le sujet à faire face aux conditions aversives. La
personne âgée résiliente est celle qui présente une sécurité interne grâce à un
attachement sécure. La résilience repose également sur une dimension
relationnelle solide avec la qualité du soutien de la famille et un fort
sentiment d’appartenance (générationnelle, familiale). Par ailleurs, la
personne âgée résiliente vit sa vieillesse dans l’ici et le maintenant,
s’implique dans le présent avec des capacités de relativisation et de
distanciation par rapport aux évènements passés et actuels, lui permettant de
mieux les appréhender. Elle montre un intérêt à l’autre et à son environnement
pour lutter contre l’isolement. Par ailleurs, l’histoire du sujet âgé joue un
rôle clé dans la construction de la résilience. Face à l’adversité, il peut
puiser dans ses expériences antérieures, qui ont contribué au développement de
ses capacités adaptatives. En vieillissant, la personne âgée est confrontée à
de nouvelles atteintes et pertes. S’adapter est donc une composante importante
du vieillissement, permettant de garder le contrôle sur sa vie et de maintenir
une certaine satisfaction. Pour cela, elle va mettre en place des stratégies de
coping, le plus souvent centrées sur les émotions (repli sur soi). En
vieillissant, les personnes ont tendance à réagir à un évènement difficile en
prenant de la distance ou en développant des émotions positives (Aguerre,
2002).
Madame Lo est un bon exemple d’une personne âgée résiliente. Malgré ses
pertes d’autonomie, Madame Lo accepte ce déclin physique en développant des
capacités d’introspection importante. Elle puise dans ses ressources internes
pour faire face à son affaiblissement physique (difficulté à la marche, baisse
visuelle) Je la retrouve souvent assise
à sa table, pensive. Lorsque je m’entretiens avec elle, elle me fait part du
bilan de sa vie en transmettant d’importantes émotions positives. Elle narre un
récit autour de son vécu depuis son enfance à aujourd’hui : ses relations
avec ses parents, son mariage, son arrivée au sein de la résidence. Au travers
de ses souvenirs, elle parvient à prendre de la distance pour puiser dans ses
ressources internes pour faire face à ces difficultés (perte visuelle,
difficultés à la marche) et rester positive. Elle m’explique qu’elle a toujours
su aborder les problèmes avec relativisation pour les affronter.
Connaître l’histoire de vie, les événements de vie important du sujet
âgé permet de mieux comprendre ses capacités de résilience et
d’adaptation. La prise en charge peut reposer sur cette prise de connaissance
pour aider la personne âgée à faire face aux difficultés rencontrées au sein de
l’institution en puisant dans ses ressources antérieures.
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