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samedi 25 mai 2013

Adaptation et Résilience chez les personnes âgées


Certains sujets âgés, malgré certaines pertes, font preuve de capacité d’adaptation. Ils trouvent les ressources nécessaires pour faire face au vieillissement en développant des stratégies de coping (Lazarus et Folkman, 1984), et des capacités de résilience.

Selon Baltes et Baltes (1987), à l’âge avancé, le potentiel des pertes tend à excéder celui des gains, réduisant par conséquent l’adaptabilité de la personne âgée. Selon le modèle SOC (Sélection Optimisation Et Compensation) de Baltes (1990), les personnes âgées, conscientes de l’affaiblissement de leurs ressources biologiques, psychologiques et/ou sociales, vont choisir des activités préservant leur bien être et leur énergie par le processus de sélection. D’autres personnes perdant leurs capacités motrices vont développer des activités nouvelles et acquérir de nouvelles compétences pour faire face à leur handicap (stratégie d’optimisation). Par la stratégie de compensation, le sujet âgé va utiliser les ressources de son environnement pour l’étayer dans la réalisation de certains actes. La mise en œuvre de ces stratégies par l’individu démontre un sentiment d’efficacité personnelle efficient.

Ce modèle de développement explique l’adaptation des sujets âgés qui se confrontent à des changements liés au processus de vieillissement, grâce à leur capacité de résilience dans la pensée, les sentiments et les comportements. Par conséquent, ils pourront atteindre les buts fixés, malgré les difficultés liées au processus de vieillissement.

La résilience se définit comme la capacité à réussir, à vivre et à se développer positivement, de manière socialement acceptable, en dépit du stress ou d’une adversité qui comporte normalement le risque d’une issue grave (Rutter, 1987, Cyrulnik, 1999). Elle implique une dynamique développementale et interroge sur la place du développement chez le sujet âgé.

Selon Ribes (2006), la définition de la résilience repose sur un certain nombre de facteurs, aidant le sujet à faire face aux conditions aversives. La personne âgée résiliente est celle qui présente une sécurité interne grâce à un attachement sécure. La résilience repose également sur une dimension relationnelle solide avec la qualité du soutien de la famille et un fort sentiment d’appartenance (générationnelle, familiale). Par ailleurs, la personne âgée résiliente vit sa vieillesse dans l’ici et le maintenant, s’implique dans le présent avec des capacités de relativisation et de distanciation par rapport aux évènements passés et actuels, lui permettant de mieux les appréhender. Elle montre un intérêt à l’autre et à son environnement pour lutter contre l’isolement. Par ailleurs, l’histoire du sujet âgé joue un rôle clé dans la construction de la résilience. Face à l’adversité, il peut puiser dans ses expériences antérieures, qui ont contribué au développement de ses capacités adaptatives. En vieillissant, la personne âgée est confrontée à de nouvelles atteintes et pertes. S’adapter est donc une composante importante du vieillissement, permettant de garder le contrôle sur sa vie et de maintenir une certaine satisfaction. Pour cela, elle va mettre en place des stratégies de coping, le plus souvent centrées sur les émotions (repli sur soi). En vieillissant, les personnes ont tendance à réagir à un évènement difficile en prenant de la distance ou en développant des émotions positives (Aguerre, 2002).

Madame Lo est un bon exemple d’une personne âgée résiliente. Malgré ses pertes d’autonomie, Madame Lo accepte ce déclin physique en développant des capacités d’introspection importante. Elle puise dans ses ressources internes pour faire face à son affaiblissement physique (difficulté à la marche, baisse visuelle)  Je la retrouve souvent assise à sa table, pensive. Lorsque je m’entretiens avec elle, elle me fait part du bilan de sa vie en transmettant d’importantes émotions positives. Elle narre un récit autour de son vécu depuis son enfance à aujourd’hui : ses relations avec ses parents, son mariage, son arrivée au sein de la résidence. Au travers de ses souvenirs, elle parvient à prendre de la distance pour puiser dans ses ressources internes pour faire face à ces difficultés (perte visuelle, difficultés à la marche) et rester positive. Elle m’explique qu’elle a toujours su aborder les problèmes avec relativisation pour les affronter.

Connaître l’histoire de vie, les événements de vie important du sujet âgé permet de mieux comprendre ses capacités de résilience et d’adaptation. La prise en charge peut reposer sur cette prise de connaissance pour aider la personne âgée à faire face aux difficultés rencontrées au sein de l’institution en puisant dans ses ressources antérieures.

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