La dépression du sujet âgé, en institution, est très fréquente. Une
grande vigilance s’impose dans le repérage des signes cliniques, dans le sens
où celle-ci est souvent masquée (Hazif-Thomas, 2003), et ses conséquences
peuvent être très lourdes. Ces symptômes dans ce cas sont plus physiques que
psychiques.
La plainte somatique est récurrente chez le sujet âgé en raison des
atteintes corporelles que le vieillissement provoque (Le Goués et Ferrey,
2000). Le recours à la plainte somatique peut révéler l’expression d’une souffrance
psychologique et refléter un état dépressif. Une préoccupation hypocondriaque
investit le sujet révélant une inquiétude sur le fonctionnement du corps qui
devient le centre d’intérêt et limitant tout processus de pensées. La
souffrance du sujet ne pouvant être entendue se manifeste par le corps.
Par ailleurs, la dépression, chez la personne âgée, peut-être source d’une
dévalorisation de soi et un sentiment d’inutilité. Elle se manifeste par un
repli sur soi, un désengagement des activités quotidiennes, une souffrance
parfois non exprimée et accompagnée de symptômes comme de la tristesse, du
désespoir et de l’anhédonie. Une perte de la motivation s’installe et
l’existence est vécue comme vide, dénuée de sens (Hazif-Thomas, 2003). Il
devient difficile à la personne âgée d’accepter sa vie actuelle, qui rentre
dans une phase de passivité dans
l’attente de mourir. Un sentiment de vide intérieur s’installe avec une
autodévaluation et un pessimisme important face à l’avenir (Clément, Léger,
1996). Par ailleurs, cette souffrance
est telle qu’elle peut conduire le sujet âgé au suicide (Clément, Léger, 1996).
Par exemple, Madame M, au cours de ses dernières semaines, se repliait
sur elle-même, tentant de participer à des activités, mais en éliminait
quelques unes progressivement à cause d’une fatigue importante. Madame M, au
cours de sa vie, a traversé des épisodes dépressifs réguliers. Madame M a une
personnalité forte anxieuse et une mésestime d’elle-même importante. Madame M
cachait une souffrance, à cause de douleurs physiques insupportables, se disait
très fatiguée. Un dimanche, un passant vit Madame M au bord de sa fenêtre,
prête à l’enjamber. La directrice s’est entretenue avec elle pour connaître les
raisons, Madame M exprima une lassitude par rapport à ses douleurs physiques,
qui l’envahissaient et empêchaient tout processus de pensées. Elle évoqua une
crainte de l’avenir, de perdre toute son autonomie. Elle fut hospitalisée aux
urgences et suivies par un médecin psychiatre. Toute remise en question s’est
posée autour de son cas, une souffrance passée inaperçue, un état dépressif non
repéré.
Il est important de repérer les signes cliniques de la dépression chez le
sujet âgé, pour agir rapidement et détecter une souffrance masquée
(Hazif-Thomas et Thomas, 1998). Une vigilance s’impose autour de manifestations
symptomatiques, de troubles du sommeil et alimentaires et d’un ralentissement
psychomoteur (Le Gouès et Ferrey, 2000).
La dépression peut être la conséquence d'une prise de conscience
douloureuse de l’apparition des déficits intellectuels. La survenue de la
dépression traduit dans ce cas une tentative d’adaptation. Dans le début d’une
pathologie démentielle, une attention particulière doit être apportée aux
signes précurseurs de démence frontale. Les signes précurseurs sont souvent
psychiatriques, prenant le masque d’une dépression atypique, avec manque de
motivation, apathie, apragmatisme, repli sur soi (Le Goués et Ferrey, 2000).
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