L’association psychogériatrique internationale définit les troubles
comportementaux et psychologiques de la démence comme des signes et symptômes
évocateurs de troubles de la perception, du contenu des pensées, de l’humeur et
des comportements.
Les troubles comportementaux ne sont pas sans cause et possèdent toujours
un but, et se révèlent le plus souvent par des facteurs déclencheurs (Rawling,
2001). Ils peuvent apparaître suite à un épisode confusionnel dû à une
altération du fonctionnement cognitif et une fébrilité du sujet. Par ailleurs,
ils peuvent exprimer des pathologies somatiques (incontinence, douleurs) ou un
déficit sensoriel avec des difficultés à appréhender son environnement. Les
troubles comportementaux peuvent s’expliquer par un sentiment de solitude, et
d’insécurité ressentie par la personne démente dévoilant une angoisse
d’abandon. Notamment, les changements de situation peuvent déclencher des
délires d’adaptation (Géneau, 2001). L’agressivité n’est pas rare lorsque le
sujet se sent exclu ou isolé par son entourage. La personnalité prémorbide peut
aussi jouer un rôle, s’exprimant par un isolement méfiant pour des personnes
introverties ou une tendance à l’expression coléreuse pour une personne
extravertie (Léger et al, 2001). D'une manière plus générale, l'incapacité à
communiquer verbalement les sentiments et les besoins peut favoriser ce type de
comportement. Par ailleurs, la perception de l'environnement comme étranger et
hostile, du fait de l'altération du fonctionnement cognitif, rend compte de
nombreuses réactions agressives.
En début de maladie, le sujet a conscience du handicap avec une incompréhension
des troubles suscitant une anxiété et/ou une forme d’agressivité face à l’échec
et au sentiment d’impuissance. L’agitation, trouble positif de la démence et le
plus fréquent, constitue un obstacle à la socialisation du sujet âgé en
institution (Léger et al, 2001). Avec l’agressivité, elles représentent la
principale cause de l’institutionnalisation en raison d’un épuisement de
l’environnement familial.
C’est le cas de Monsieur B, qui suite à des comportements très agressifs
envers son épouse a intégré l’unité protégée spécifique. Monsieur B, auparavant
se rendait à l’accueil de jour 2 fois par semaine. Mais la maladie a évolué
rapidement, provoquant de gros troubles de comportements : agressivité,
déambulation, fugue. Sa femme hésitante, mais au regard de l’évolution de la
démence de type Alzheimer, et de la répétition des crises, s’est décidée pour
une entrée en institution. Elle a exprimé clairement ce choix pour protéger
elle et son mari.
La prise en compte de ces signes et symptômes est nécessaire car ils contribuent
à l'augmentation de la désadaptation du patient à son environnement, à un
déclin cognitif plus rapide et aux conflits relationnels avec l'entourage
(Ohnen S.H., 2002). Les productions des déments ne sont pas identiques et sont
porteuses de sens pour chaque patient. Elles justifient un comportement
d'écoute pour adopter des attitudes d'accompagnement, en reconnaissant la
souffrance du dément (Poch, 2003).
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