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samedi 25 mai 2013

Les chutes : affaiblissement de la personne âgée


Une chute est le fait de tomber par inadvertance sur le sol ou autre niveau inférieur, avec ou sans perte de conscience, et pour une cause autre qu’une installation brusque d'une paralysie, une crise épileptique, une ingestion excessive de boissons alcoolisées ou sous une poussée externe.

Elle est une des principales causes de décès chez les sujets âgés de plus de 75 ans. Phénomène majeur chez les personnes âgées, elle représente un des principaux motifs d’entrée en institution. Outre le handicap physique qu’elle provoque (fracture du col de fémur, rééducation longue), elle peut être source d’un choc émotionnel suivi de lourdes conséquences psychologiques. En effet, un sujet âgé qui chute est conduit en urgence dans un établissement hospitalier pour les soins nécessaires. Cette admission, source d’anxiété, risque de précipiter la personne âgée vers la perte d’autonomie et par conséquent l’orientation vers une maison de retraite (kagan, 1987, cité par Hasif-Thomas, Thomas, Bouché, 2005)

En effet, elle vient fragiliser le sujet sur le plan physique et psychologique. Il est confronté à ses propres limites, et à la prise de conscience de son affaiblissement physique. Les conséquences psychologiques vont s’installer insidieusement chez une personne âgée perdant brutalement confiance en elle, se sentant dévalorisée à l’égard de son entourage. Ces derniers, croyant bien agir, vont développer parfois un excès de surprotection, voire une attitude infantilisante. Ces comportements peuvent conduire la personne âgée dans la dépendance et la restriction d’activités. Par ailleurs, la chute provoque un sentiment d’insécurité accompagné de comportements de repli sur soi et de démotivation (Hasif-Thomas, Thomas, Bouché, 2005)

 

Madame F au sein de la résidence depuis quelques jours a chuté plusieurs fois. Fragilisée par ces chutes, elle développe un fort sentiment d’anxiété quant à une éventuelle perte d’autonomie face à l’affaiblissement de son corps. Une peur excessive de retomber l’empêche de réaliser certaines tâches seules, elle s’installe dans une situation d’évitement en sollicitant en permanence l’équipe soignante. Elle a besoin de réassurance, pour reprendre confiance en elle.

Par ailleurs, la personne âgée peut développer une anxiété majeure, avec une peur excessive de rechuter. Cette attitude peut entraver la reprise de la marche et provoquer un refus de toute verticalisation. Ces restrictions peuvent entraîner une perte des automatismes posturaux et favoriser une nouvelle chute. Elle peut aller jusqu’au syndrome de régression psychomotrice, c'est-à-dire un refus total de marcher, accepter le fauteuil roulant pour éviter d’affronter de nouveau cette épreuve de chute (Murphy, Isaacs, 1987 cité par Hazif-Thomas, Thomas, Bouché, 2005), plongeant le sujet progressivement dans la perte de son autonomie.

 

Les chutes sont très fréquentes en milieu institutionnel, en particulier la nuit. Pour pallier à ce risque, un système de barrière est mis en place sous prescription médicale protégeant le sujet âgé de toute chute. Toutefois, l’usage de ces contentions est discuté en raison du vécu et du ressenti du résident. En effet, elles sont sources pour certains de détresse psychologique, ressentie comme une privation de liberté, et une sorte d’enfermement. La personne âgée peut le vivre comme une altération de soi, augmentant son sentiment de dépendance. Par ailleurs, elles peuvent être facteur d’incontinence, en raison de l’impossibilité de se lever seul.

Un suivi psychologique peut être mis en place pour permettre aux sujets, victimes de chute, de reprendre confiance en soi pour favoriser la rééducation. L’accompagnement psychologique peut leur donner la possibilité de mettre en mot les souffrances psychiques ressenties lors de la chute.

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