Une chute est le fait de
tomber par inadvertance sur le sol ou autre niveau inférieur, avec ou sans
perte de conscience, et pour une cause autre qu’une installation brusque d'une
paralysie, une crise épileptique, une ingestion excessive de boissons
alcoolisées ou sous une poussée externe.
Elle est une des principales causes de décès chez les sujets âgés de plus
de 75 ans. Phénomène majeur chez les personnes âgées, elle représente un des
principaux motifs d’entrée en institution. Outre le handicap physique qu’elle
provoque (fracture du col de fémur, rééducation longue), elle peut être source
d’un choc émotionnel suivi de lourdes conséquences psychologiques. En effet, un
sujet âgé qui chute est conduit en urgence dans un établissement hospitalier
pour les soins nécessaires. Cette admission, source d’anxiété, risque de
précipiter la personne âgée vers la perte d’autonomie et par conséquent
l’orientation vers une maison de retraite (kagan, 1987, cité par Hasif-Thomas, Thomas,
Bouché, 2005)
En effet, elle vient fragiliser le sujet sur le plan physique et
psychologique. Il est confronté à ses propres limites, et à la prise de
conscience de son affaiblissement physique. Les conséquences psychologiques
vont s’installer insidieusement chez une personne âgée perdant brutalement
confiance en elle, se sentant dévalorisée à l’égard de son entourage. Ces
derniers, croyant bien agir, vont développer parfois un excès de surprotection,
voire une attitude infantilisante. Ces comportements peuvent conduire la
personne âgée dans la dépendance et la restriction d’activités. Par ailleurs,
la chute provoque un sentiment d’insécurité accompagné de comportements de
repli sur soi et de démotivation (Hasif-Thomas, Thomas, Bouché, 2005)
Madame F au sein de la résidence depuis quelques jours a chuté plusieurs
fois. Fragilisée par ces chutes, elle développe un fort sentiment d’anxiété
quant à une éventuelle perte d’autonomie face à l’affaiblissement de son corps.
Une peur excessive de retomber l’empêche de réaliser certaines tâches seules,
elle s’installe dans une situation d’évitement en sollicitant en permanence
l’équipe soignante. Elle a besoin de réassurance, pour reprendre confiance en
elle.
Par ailleurs, la personne âgée peut développer une anxiété majeure, avec
une peur excessive de rechuter. Cette attitude peut entraver la reprise de la
marche et provoquer un refus de toute verticalisation. Ces restrictions peuvent
entraîner une perte des automatismes posturaux et favoriser une nouvelle chute.
Elle peut aller jusqu’au syndrome de régression psychomotrice, c'est-à-dire un
refus total de marcher, accepter le fauteuil roulant pour éviter d’affronter de
nouveau cette épreuve de chute (Murphy, Isaacs, 1987 cité par Hazif-Thomas, Thomas,
Bouché, 2005), plongeant le sujet progressivement dans la perte de son
autonomie.
Les chutes sont très fréquentes en milieu institutionnel, en particulier
la nuit. Pour pallier à ce risque, un système de barrière est mis en place sous
prescription médicale protégeant le sujet âgé de toute chute. Toutefois,
l’usage de ces contentions est discuté en raison du vécu et du ressenti du
résident. En effet, elles sont sources pour certains de détresse psychologique,
ressentie comme une privation de liberté, et une sorte d’enfermement. La
personne âgée peut le vivre comme une altération de soi, augmentant son
sentiment de dépendance. Par ailleurs, elles peuvent être facteur
d’incontinence, en raison de l’impossibilité de se lever seul.
Un suivi psychologique peut être mis en place pour permettre aux sujets,
victimes de chute, de reprendre confiance en soi pour favoriser la rééducation.
L’accompagnement psychologique peut leur donner la possibilité de mettre en mot
les souffrances psychiques ressenties lors de la chute.
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