Par ailleurs, le sujet âgé, découragé, en perte d’adaptation, arrivant à
la dernière étape de son existence, se trouve confronté à un nouveau défi,
celui d’affronter la vieillesse. Progressivement, une forte démotivation
s’installe, avec le sentiment de perdre le contrôle de sa vie. En effet, le
besoin d’une assistance dans la vie quotidienne du sujet le confronte à la
réalité de sa perte d’autonomie. En effet, pour lui, bénéficier d’une aide, c’est
progressivement devenir dépendant et laisser place à la vieillesse, qui prend
le dessus. Par ailleurs, certains proches peuvent, involontairement, prendre
des décisions pour eux, les conduisant dans des conditions de dépendance, mais
aussi dans un sentiment de honte, de révolte ou de capitulation. La personne
âgée peut développer la sensation d’être dépossédée de sa liberté et de la
maîtrise de la conduite de sa vie.
Il n’est pas rare que les personnes âgées, fatiguées de vivre, demandent à
mourir ou attendent le moment de partir (Richard, 2004). Elles souffrent d’une
vie dépourvue de sens, développent un sentiment d’inutilité et se sentent comme
un « fardeau » pour leur
environnement familial. Elles estiment
avoir assez vécu, en ayant plus à apprendre et à vivre sur le monde et à ce
titre, elles souhaitent partir sereinement sans souffrance. Elles se
questionnent sur la raison de leur existence actuelle, n’envisageant aucun
avenir heureux. Elles effectuent un bilan de leur vie, pour montrer leur
satisfaction, leur capacité à affronter les évènements difficiles (Richard et
al, 2004). Mais aujourd’hui, lasses, confrontées à un corps en déclin, elles ne
parviennent à retrouver un équilibre et le plaisir de vivre. Le souhait de la
mort se présente comme une finitude nécessaire pour les libérer de leur
souffrance et de leur isolement affectif.
Madame Br, suite à un souci de santé, s’installe dans un isolement à
cause d’une diminution de son autonomie, sort peu de sa chambre. Elle ressent
une forte détresse psychologique face à son corps en souffrance. Elle
m’explique qu’elle est fatiguée de vivre, et qu’elle aimerait aujourd’hui
mourir sereinement et sans souffrance. A 94 ans, elle estime avoir assez vécu,
et de ne plus avoir sa place dans la société. Dans son discours, elle réalise
le bilan de sa vie, me fait part de ses expériences de vie, et prend conscience
de sa finitude. Pour cette dame, continuer de vivre se présente comme un
acharnement et elle se met dans une position d’attente face à la mort, espérant
chaque nuit partir pendant son sommeil.
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